Discriminations ethniques dans l’accès au logement en Nouvelle-Calédonie
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Mathieu BUNEL, Samuel GOROHOUNA, et Catherine RIS de l’Université de la Nouvelle-Calédonie, Yannick L’HORTY et Pascale PETIT de l’Université de Paris-Est, viennent de publier ce numéro du cahier du LARJE n° 2016-2 sur les discriminations ethniques dans l’accès au logement en Nouvelle-Calédonie.
Cette étude mesure les discriminations dans l’accès au logement dans le Grand Nouméa, selon l’origine ethnique, en distinguant les origines kanak et européennes, et selon le quartier de résidence. Elle utilise la méthode dite du « testing ».
Entre octobre 2015 et février 2016, il a été répondu à 342 annonces en présentant 4 candidats à la location pour chaque annonce, soit 1368 réponses à des annonces immobilières. Deux de nos candidats signalent par leur patronyme leur origine kanak, deux signalent une origine européenne. Dans chaque paire, un candidat donne un signal de stabilité financière et professionnelle en indiquant explicitement qu’il est fonctionnaire. L’étude consiste à exploiter statistiquement ces données en les croisant avec la répartition ethnique des quartiers, la Nouvelle-Calédonie étant, avec Wallis-Et-Futuna et la Polynésie française, la seule entité de l’Espace républicain français à recenser l’appartenance ethnique de ses habitants.
L’étude trouve une forte discrimination dans l’accès au parc locatif privé à l’encontre des candidats kanak. Cette discrimination est liée aux comportements des propriétaires et dans une moindre mesure à l’action des agences immobilières. Les difficultés d’accès au logement relèvent uniquement d’une discrimination liée à la précarité sociale des Kanak dans les quartiers où les Kanak sont les plus représentés. Elles sont liées de surcroît à une discrimination ethnique à l’encontre des Kanak dans les quartiers où résident de manière très majoritaire des Européens. Les offreurs de logement jouent ainsi une part active dans la ségrégation résidentielle.