À la recherche du point de basculement sur le marché du logement : les résultats d’une expérience de terrain
Si le nombre d’études mesurant la discrimination dans l’accès au logement est en augmentation, l’intérêt pour les déterminants de la discrimination est encore limité, notamment pour le rôle joué par la composition ethnique des habitants du quartier. Cette dimension pourrait avoir un effet important sur la dynamique de la ségrégation si la discrimination est plus prononcée lorsque des individus appartenant à une minorité ethnique emménagent dans un quartier composé principalement d’individus de l’ethnie dominante.
Cependant, la présence d’une relation ainsi que sa forme ne sont pas évidentes. On s’attend à ce que la discrimination statistique ne varie pas en fonction de la composition de la zone, car elle peut être exercée par des propriétaires appartenant aussi bien au groupe majoritaire qu’aux minorités. Toutefois, la notion de préjudice du client permet d’établir un lien entre la composition ethnique et la discrimination : dans ce cas, les propriétaires refuseront de louer à des minorités parce qu’ils estiment que leurs clients du groupe majoritaire ont des préjugés à l’égard de la diversité ethnique (Page [1995]). On peut alors s’attendre à ce que la discrimination diminue linéairement avec l’augmentation de la proportion d’habitants issus des minorités ethniques dans le quartier : plus cette proportion est élevée, plus le niveau de discrimination est faible. Toutefois, la relation pourrait être non linéaire si les individus de la majorité ethnique, tout en préférant l’homogénéité ethnique, ont une tolérance pour la diversité jusqu’à un certain seuil…
Cet article de Sylvain Chareyron, Samuel Gorohouna, Yannick L’Horty, Pascale Petit, Catherine Ris est en prépublication dans la Revue économique 2022/7 (Prépublication), pages Ia à XXIII (presses de SciencesPo) et accessible sur le lien suivant : https://www.cairn.info/revue-economique-2022-7-page-Ia.htm?contenu=article