Le minimum vieillesse et le complément retraite sans financement


12-12-2011

Le Congrès de la Nouvelle-Calédonie vient de voter, à l’unanimité, un minimum vieillesse de 85 000 FCFP par mois pour les plus de 60 ans vivant de l’aide sociale provinciale et une complémentaire retraite de 90 000 FCFP à 115 000 FCFP pour les pensionnés à faible revenu. Il faut 10 ans de résidence, essentiellement par crainte des flux migratoires venant de Polynésie et de Wallis-Et-Futuna.

Cette réforme était nécessaire, tant les inégalités sont importantes et les difficultés de vie réelles. La réforme aura l’avantage, au moment où l’économie ralentit, de distribuer un supplément de pouvoir d’achat, dont on peut raisonnablement penser qu’il sera intégralement consommé. Et même si cela inévitablement se traduira par un supplément d’importations. Mais cette générosité, sur laquelle personne ne pourra revenir, est sans financement.

L’estimation du coût de la mesure est de 4,9 milliards de FCFP. On va utiliser les excédents générés par le régime des allocations familiales de solidarité jusqu’aux provinciales de 2014. Et après ? Il faudra des impôts. Qui paiera ? Les jeunes, les salariés, les rentiers, les entreprises ? Une politique prudentielle aurait été d’affecter ces sommes aux réserves obligatoires de la CAFAT sur l’ensemble des risques, afin qu’elle dispose d’une sécurité minimale, avant d’aborder la décélération économique et la baisse des transferts de l’Etat. Ce saut dans l’inconnu a toutefois l’utilité de contraindre à poursuivre la réforme fiscale pour trouver les recettes qui manquent déjà.

Les élus calédoniens n’ont pas encore compris que nous avions changé d’époque. Rénover la vie politique, ou seulement rompre avec les erreurs du passé, eût été de voter un dispositif de solidarité, avec concomitamment son financement. Une fois de plus, on a choisi le bénéfice immédiat de la distribution contre l’équilibre financier à moyen terme, privilégié les personnes âgées contre les jeunes dont beaucoup galèrent, évité un vrai débat citoyen sur le coût de la solidarité et le choix de ses financeurs. On continue de raser gratis et de vendre du rêve ; advienne que pourra.