Notre collègue, Pierre-Christophe PANTZ, docteur en géographie et géopolitique, chercheur associé au LARJE, a bien voulu mettre à disposition ces éléments d’infographie. L’élection a donné lieu à une forte participation (71,35%) et la polarisation ethnique des suffrages, centrés sur l’enjeu institutionnel, a été encore caractéristique du vote en Nouvelle-Calédonie, malgré un corps électoral totalement ouvert pour ces élections législatives. Cette polarisation se vérifie encore par province, par commune, par quartier et même par bureau de vote.

Nicolas METZDORF est élu député pour la 1^ère circonscription avec 52,41 % des suffrages exprimés, face à Omayra Naisseline (47,59%). Cette circonscription comprend l’île des Pins, Lifou, Maré, Ouvéa et Nouméa. Emmanuel TJIBAOU est élu député de la 2^nde circonscription avec 57,44 % des suffrages exprimés, face à Alcide Ponga (42,56%). Le reste du pays est comptabilisé dans cette circonscription. A savoir : Belep, Boulouparis, Bourail, Canala, Dumbéa, Farino, Hienghène, Houaïlou, Kaala-Gomen, Koné, Kouaoua, Koumac, La Foa, Moindou, Le Mont-Dore, Ouégoa, Païta, Poindimié, Ponérihouen, Pouebo, Pouembout, Poum, Poya, Sarraméa, Thio, Touho, Voh et Yaté.

Les indépendantistes l’emportent sur le cumul des deux circonscriptions avec 83021 voix contre 72979 voix. Il y a 97162 inscrits dans la 1e circonscription et 124939 dans la seconde circonscription. Outre le caractère politique du découpage (Gerrymandering) issu de la Loi Pasqua de 1986, on note une inégalité croissante démographique entre les deux circonscriptions qui appellerait à un redécoupage plus rationnel et plus objectif, permettant de garantir l’expression des deux sensibilités majeures du pays.

Commentaire de Pierre-Christophe Pantz 

Alors que l’élection européenne du 9 juin 2024 avait été largement boudée par la population calédonienne (13,13% de participation), l’élection législative (30 juin et 7 juillet 2024) a massivement mobilisé (71,3% au second tour), un taux de participation jamais atteints depuis plus de 40 ans. Dans un contexte inédit de violences et de blocages depuis le 13 mai, les calédoniens se sont largement emparés de ce scrutin pour exprimer leur voix.

Un « soulèvement » démocratique qui a eu pour conséquence de reconduire la sempiternelle bipolarité ethnique et sociale entre les partisans de l’indépendance, opposés au projet de loi sur le dégel du corps électoral, et l’électorat non-indépendantiste.  Une logique « bloc contre bloc », cristallisée et reconduite depuis plus de 40 ans.

Et comme l’atteste la cartographie de cette élection, ce qui a changé pour une élection « nationale », c’est la mobilisation « sans précédent » du camp indépendantiste qui a rendu possible de contrecarrer le découpage des circonscriptions qui leur était théoriquement. En effet, pour la première fois depuis l’élection législative de 1981, un candidat indépendantiste, E. Tjibaou l’a largement emporté dans la seconde circonscription tandis que le candidat non-indépendantiste, N. Metzforf, est parvenu à résister à la forte progression de la candidate indépendantiste dans la première.

A l’échelle territoriale, cette élection est également historique puisque c’est la première fois, qu’il y a davantage de bulletins indépendantistes (83021, soit 53,2%) que de bulletins non-indépendantistes (72979, soit 46,8%).

Alors que le débat politique des derniers mois a été focalisé sur la question du « dégel du corps électoral », cette élection avec un corps électoral ouvert interroge sur la réalité démographique et sur la crédibilité des listes électorales. Elle suscite également un questionnement sur les conséquences à court ou moyen terme de ce nouveau rapport de force, désormais favorable au camp indépendantiste. »

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Ces infographies sont ici. Elles sont disponibles sous la réserve d’en citer l’auteur.