Petite économie insulaire du Pacifique Sud, la Nouvelle-Calédonie se distingue dans l’ensemble de l’Outre-mer français, et plus encore en Océanie insulaire, par un niveau de vie et de développement humain élevé. Ce pays est doté d’atouts exceptionnels, que sont sa grande diversité écologique, son climat favorable, des ressources minières lui faisant bénéficier de revenus conséquents mais volatils, l’existence de liens anciens, commerciaux, intellectuels et administratifs avec la France qui permettent l’ouverture à l’Europe, mais aussi des liens naissants avec les économies de la zone Pacifique. L’Accord de Nouméa du 5 mai 1998, de valeur constitutionnelle, encadre le statut et l’avenir institutionnel de la Nouvelle-Calédonie. La loi organique n° 99-209 modifiée du 19 mars 1999 relative à la Nouvelle- Calédonie met en oeuvre cet Accord en définissant les différentes institutions du pays ainsi que la répartition des compétences entre ces institutions d’une part, entre l’Etat et la Nouvelle-Calédonie d’autre part.

La Nouvelle-Calédonie

La Nouvelle-Calédonie est un pays d’Outre-mer inscrit sur la liste des pays à décoloniser de l’Organisation des Nations Unies. Elle jouit déjà, au sein de la République française, d’une très large autonomie ; elle est dotée d’institutions de nature quasi-étatique chargées de mettre en oeuvre les compétences locales (Gouvernement, Congrès, Sénat coutumier, trois Provinces). Le Congrès est une assemblée délibérante, doté d’un pouvoir législatif propre dans les domaines de compétences, presque universels, qui lui reviennent. Il a aujourd’hui une compétence normative très grande en matière de droit privé (droit civil, droit commercial, droit du travail, droit des assurances notamment) et de droit public (droit fiscal, fonction publique locale notamment). En ces domaines, et à l’exception des compétences régaliennes ou des ultimes compétences non encore transférées (statut des communes, contrôle de légalité, université et audiovisuel), le droit applicable n’est plus celui de la Métropole.

L’Université de la Nouvelle-Calédonie

Ce contexte institutionnel et juridique particulier du pays rejaillit sur le rôle de l’Université de la Nouvelle-Calédonie.

Outre les missions dévolues à toutes les universités françaises par le Code de l’éducation, l’Accord de Nouméa prévoit que « L’Université devra répondre aux besoins de formation et de recherche propres à la Nouvelle-Calédonie.» (Accord de Nouméa du 5 mai 1998, pt. 4.1.1). Ce rôle est repris à l’article L. 774-4 du Code de l’éducation. Il en découle que l’UNC se doit de proposer des formations et des recherches intégrant ces problématiques de la société et de l’environnement calédoniens. C’est ce qu’elle fait en « contextualisant » ses recherches et, de plus en plus, ses enseignements.

Le LARJE

Situé sur le campus de l’UNC à Nouméa, le LARJE a d’abord constitué une jeune équipe (JE 272) de l’Université française du Pacifique avant de devenir, en 1999, une équipe d’accueil (EA 3329) de l’Université de la Nouvelle- Calédonie, laquelle est née la même année de la scission de l’Université française du Pacifique en deux universités distinctes (Université de la Nouvelle-Calédonie et Université de la Polynésie française) à la suite de l’Accord de Nouméa qui donnait la mission spécifique à l’Université de répondre aux besoins de  formation et de recherche propres à la Nouvelle-Calédonie.

D’abord essentiellement axés sur les recherches juridiques, les travaux au sein de l’équipe se sont ensuite orientés vers les domaines de l’économie, puis récemment vers les sciences de gestion. Le LARJE est aujourd’hui le principal centre de recherche néo-calédonien se concentrant sur le droit et l’économie insulaires. La recherche développée par le LARJE est axée sur les problématiques calédoniennes liées au pluralisme juridique et humain et à l’émancipation du pays. Ces thèmes entendent favoriser une recherche non seulement fondamentale, mais aussi appliquée, sur les aspects économiques et juridiques de l’évolution des populations et des politiques locales liées aux activités humaines et industrielles en Nouvelle-Calédonie.

L’UNC a été le moteur de la création d’un Consortium pour la Recherche, l’Enseignement Supérieur et l’Innovation en Nouvelle-Calédonie (CRESICA) qui fédère l’ensemble des centres de recherche de Nouvelle-Calédonie. Au sein de ce projet partagé qui identifie des thématiques en réponse aux enjeux locaux avec les objectifs de développement que sont la construction d’un éco territoire et l’accroissement de la compétitivité, les champs de recherche du LARJE s’inscrivent aujourd’hui dans l’axe 3 – l’accompagnement de l’évolution sociale et institutionnelle – à la définition et aux objectifs desquels les membres du LARJE ont activement contribué.

Les caractéristiques du laboratoire

Deux caractéristiques principales du laboratoire sont à mettre en évidence :

  • d’une part, le caractère restreint de l’équipe (4 PR, 13 MCF, 8 doctorants) dont 6 membres sur 16 font l’objet d’une durée de séjour limitée (en délégation pour 2 ou 4 ans),
  • d’autre part, la pluridisciplinarité – droit privé, droit public, sciences économiques, sciences de gestion – qui ne facilite pas les projets partagés.

Face à ces contraintes, le LARJE se fédère autour des problématiques calédoniennes qui dans la mesure du possible sont traitées sous l’angle des différentes disciplines. L’équipe est attentive au besoin sociétal qui s’exprime et de nombreuses manifestations, telles que les colloques et les journées d’études, donnant lieu à publications, fédèrent les membres du laboratoire et sont toujours le résultat d’un travail collectif.

Le site web (http://LARJE.univ-nc.nc) est une source de documentation très riche, qui offre, par mots clés, le libre accès aux résultats de la recherche, comme aux débats de société qui traversent la Nouvelle-Calédonie et l’Outremer.

De par la spécificité de ses travaux, le LARJE constitue désormais un centre de réflexion incontournable dans le débat public et ses travaux participent pleinement à l’analyse et à la compréhension de l’évolution institutionnelle du pays et des enjeux de son développement humain et économique.