Mission d’assistance à la Polynésie : les premières suggestions


18-06-2010

La faillite du modèle polynésien, bâti sur la consommation de la rente publique, avait conduit le président Gaston Tong Sang à demander au gouvernement français l’expertise des corps d’inspection de l’État pour identifier les marges de manœuvre pouvant être dégagées :

http://larje.univ-nc.nc/index.php?option=com_content&view=article&id=188:fin-de-partie-la-mission-dassistance-a-la-polynesie-francaise&catid=16&Itemid=50

Consommation des ménages et investissement des entreprises chutent. Toutes les filières sont en crise, les inégalités sociales entravent le développement et l’instabilité politique mine la confiance. Les premières suggestions de la mission ont été rendues publiques le 15 juin 2010. Le rapport est utile, mais encore décevant. Le rapport insiste sur l’analyse (points 1 et 2), comme s’il fallait encore convaincre de la nécessité de réformer, puis il livre quelques objectifs généraux qu’on retrouvait déjà dans la lettre de mission : réduire les dépenses de fonctionnement, réformer (voire instaurer) la fiscalité, réduire le périmètre du service public. Les propositions  n’apparaissent qu’à la page 18/24.

Les propositions immédiates de la mission sont en rupture avec le modèle ancien, sans que les leviers de développement d’un nouveau modèle n’apparaissent clairement. Le rapport en évitant les mots tabous (désindexation, dévaluation) se prive (provisoirement) de vrais leviers.  Les actions urgentes sont :

  • Céder les actifs non essentiels du pays. L’immobilier à Paris, les avions présidentiels et administratifs, le foncier, et affecter la recette à la diminution de la dette.
  • Un moratoire, c’est-à-dire une suspension, de la défiscalisation locale ; la défiscalisation qui a contribué à l’explosion des inégalités et à l’enrichissement rapide d’un petit nombre d’opérateurs est tout simplement inutile : « l’avantage économique est inférieur au coût du crédit d’impôt », dit-on pudiquement.
  • Maîtriser la masse salariale et le fonctionnement ; ne pas remplacer les fonctionnaires qui partent, supprimer les congés administratifs, réduire le train de vie quotidien.

Ces propositions sont encore modestes et restent dans une optique de court terme peu propice à un soutien des populations ; elles sont nécessaires, mais doivent s’accompagner d’une réflexion économique et politique approfondie sur les pistes d’avenir sans laquelle la population n’adhérera pas : Economique, par la baisse des prix relatifs, gage de l’ouverture au tourisme avec notamment une réflexion sur la valeur de la monnaie, la taxation de la rente et la suppression des surrémunérations des fonctionnaires qui fonde le niveau élevé des prix, l’émergence d’un marché de transformation local, la fin de la voiture symbole de l’importation qui détruit l’exotisme du pays comme la ressource touristique, la lutte résolue contre les inégalités qui peut s’assimiler à un combat contre l’évasion des capitaux, la thésaurisation et les dépenses somptuaires. Politique aussi, car la Polynésie ne pourra éviter un accord à long terme sur son avenir politique, seul gage de stabilité.

Vous pouvez trouver le rapport d’étape ici : rapportetape06-2010mission.pdf.pdf