Une rigueur budgétaire toute relative


10-11-2011
Par Admin Admin

Les médias bruissent de nouvelles et de rumeurs sur la rigueur ou l’austérité en France. On vient de se rendre compte avec la démission de Georges Papandréou en Grèce, puis l’annonce de celle de Silvio Berlusconi en Italie, de ce qu’est réellement une perte de souveraineté. Le premier ministre espagnol José Luis Rodriguez Zapatero est d’une grande dignité en annonçant des élections législatives anticipées. Sans emprunt ou avec des taux trop élevés ce qui revient au même, ces Etats ne peuvent plus payer leurs fonctionnaires et leurs dépenses courantes…

Et la France ? Le « spread » franco-allemand, qui mesure la différence entre les rendements des emprunts d’Etat français et allemands à dix ans, s’envole encore malgré les plans de rigueur. C’est que la rigueur est toute relative. Il suffit pour s’en convaincre de jeter un œil sur l’Outre-mer ou sur les publicités pour les gros 4×4 en défiscalisation qui perdurent malgré la LODEOM ou sur la situation budgétaire officielle publiée par le ministère du budget. On remarque qu’au 30 septembre 2011, les dépenses du budget  de l’Etat sont de  310 milliards d’€ et les recettes de 207 milliards d’€… Il manque un tiers dans le budget ! La France continue, contrairement à l’Italie, à produire de la dette nouvelle tous les jours.

La note de Valérie Pécresse, ministre du budget, est téléchargeable ici :

Equilibre_budgetaire_2011.pdf

Et 2012 ? Un déficit prévisionnel de 4,5 % du PIB en 2012, 3 % en 2013… 0 % en 2016. Selon François Fillon, le retour à l’équilibre budgétaire de l’Etat est atteignable dans cinq ans. On utilise toujours l’indicateur en % du PIB parce qu’il paraît politiquement plus vendable. Mais traduit en % de déficit budgétaire annuel (c’est-à-dire la part des dépenses qui excèdent les recettes), nous sommes très loin de la rigueur : pour un budget 2012 prévisionnel de 294 milliards d’€, il faut emprunter 80 milliards soit  27,21 % du budget. Cette rigueur est toute relative et, en d’autres lieux et d’autres temps, on aurait applaudi une vigoureuse relance keynésienne. Mais on ne peut faire de la relance keynésienne pendant 36 ans, aucun budget n’ayant été à l’équilibre depuis 1975… On se reportera au budget voté par l’Assemblée nationale et dont les prévisions de croissance sont aujourd’hui abaissées :

http://www.assemblee-nationale.fr/13/dossiers/loi_finances_2012.asp

C’est pourquoi il faudra d’autres plans rapidement et beaucoup de ténacité et de constance, ce qui ne se conjugue guère avec le calendrier politique. Le maintien du triple A, qui est l’appréciation de la solvabilité du pays ou rating, est loin d’être un point acquis pour la France. Et ici ? La notation financière de la Polynésie française s’est fortement dégradée, passant de BBB+ à BBB- cette année. La Nouvelle-Calédonie n’empruntant pas directement sur les marchés internationaux évite d’être notée. Il faudrait pourtant y surveiller de près l’origine et la durabilité d’une croissance qui est pour l’essentiel due aux niches fiscales, à la dépense publique et corrélativement… aux emprunts.